Des vestiges préhistoriques, un menhir dans le bois de Sainte-Assise et les restes d’une villa gallo-romaine dans la plaine du moulin à vent sont les témoins d’une occupation très ancienne de notre territoire ! Non loin du ru de Balory, tout au bout de la rue de la fontaine, se trouvait une source aujourd’hui captée près de laquelle, dès le Moyen Age, des hommes établirent leurs foyers, bâtissant bientôt une église dédiée à Saint Martin. Le développement du village et de ses deux principaux hameaux, Saint-Leu et Verneau, fut relativement lent. Un tableau dressé en 1793 fait état d’environ 250 citoyens.
Un siècle plus tard, l’implantation de la station PLM ayant grandement facilité les échanges avec la capitale, on peut recenser près de 400 cessonnais – ils seront 9758 en 2016. La belle église datant du 13ème siècle désertée par son curé pendant la Révolution et abandonnée dès lors aux injures du temps, a disparu sous le pic des démolisseurs en 1840 avec le cimetière qui l’entourait et Cesson fut rattaché pour le culte et l’enseignement au village voisin, Vert-Saint-Denis.

Les premiers changements importants devaient se faire sentir avec l’ouverture, en 1855, de la station de Cesson qui sera, pour un siècle, la seule gare entre Melun et Lieusaint. Tandis qu’à Saint-Leu, une « ferme-modèle » occupait le site d’un très ancien prieuré bénédictin dès 1861 et que le château séculaire, ex-propriété des Seigneurs de Cesson, laissait place à une construction beaucoup plus moderne et certainement plus confortable, vers 1886.

Mais ceux qui cherchaient à venir habiter dans cette petite commune rurale avaient parfois bien du mal à trouver leur bonheur à la fin du 19ème siècle. Depuis la fin de la guerre de 1870 et l’arrêt définitif de la tuilerie et du moulin à eau, les candidats au logement devaient généralement se contenter de maisonnettes bâties dans le style du pays, faites de pierres ramassées dans les champs, jointoyées au mortier de tuileaux (ou « crasse de briqueterie ») qui leur donnent une couleur rouge caractéristique, avec parfois quelques décorations de briques ou de faïences provenant de l’ancienne tuilerie. L’habitat restait groupé et il n’était pas rare d’avoir un petit logement au-dessus d’une boutique avec cour par-derrière pour élever poules et lapins, puits commun à plusieurs habitations et petit jardin pour les légumes. De grands espaces séparaient encore les constructions sur la rue principale, pourtant route nationale. Situées de part et d’autre du village, les propriétés bourgeoises occupées par les notables étaient entourées de parcs ou de grands jardins d’agrément avec verger et potager.

La vie des habitants de ce village essentiellement agricole, continuera longtemps au rythme de ses trois grosses fermes briardes. Les deux grandes guerres dévoreront des hommes et Cesson qui subira l’occupation allemande, sera libérée par l’armée du Général Patton, en août 1944. La construction d’une première école pour les filles et d’une nouvelle église Saint Martin, la création d’un nouveau cimetière, puis d’un stade, sans oublier l’installation du courant électrique et de l’eau sur tous les robinets, contribueront à moderniser le village.
Peu à peu, la nécessité pour les parisiens de trouver à se loger, même en s’éloignant de la capitale, l’augmentation du nombre de trains quotidiens pour Paris, la diminution du temps de trajet et la mise sur le marché de terrains à bâtir, amèneront au milieu du 20ème siècle, la construction d’un premier lotissement sur le site de l’ancienne église. Cette amorce du bouleversement de l’aspect rural, sera bientôt suivie de la création de nouveaux quartiers… et c’est ainsi que « Les champs de blé sont devenus champs de maisons… », comme le disait joliment une ancienne cessonnaise.

Par Françoise Anglaret

Mis à jour le 2 décembre 2021